08.11.2018-16.02.2019

Galerie Patrick Gutknecht
Arts décoratifs du XXe et photographie

WELCOM TO THE DARK CORPORATION
Photographies/installation Cédric Delsaux

La Galerie Patrick Gutknecht est particulièrement heureuse de présenter le nouveau travail de Cédric Delsaux : Welcome to the Dark Corporation.

Commencée il y a plus de 14 ans, la série initiale « Dark Lens », qui mêlait les lieux de notre quotidien avec l’univers de Star Wars, a connu un succès international. Elle a été exposée à travers le monde jusqu’à être adoubée par le Maître en personne, George Lucas*. Après une pause de quelques années Cédric Delsaux renoue avec le fantastique par ce nouvel opus qui abolit irrémédiablement les frontières entre Réalité et Fiction…

En effet, la première archive officielle (un rapport sur la situation générale) émanant de cette mystérieuse Dark Corporation est catégorique : 
Point 1 : Les armées de Droids ont envahi la totalité de la Terre. Celle-ci est placée sous l’autorité exclusive de la Dark Corporation.
Point 2 : De nombreuses mutations, non conformes, ont été observées sur des sujets autonomes. Certaines désertions ont été constatées, quelques cas de mutineries sont à déplorer.
Point 3 : L’humanité semble avoir entièrement disparue…
Observations : Demandons enquêtes approfondies et RENFORTS au plus vite.
(FIN DU RAPPORT)

Terminée donc la simple confrontation des débuts entre réel et Science-Fiction, désormais la «Dark Corporation» fait Monde. Tout se passe comme si les personnages de la série s’étaient définitivement installés sur Terre, emmenant avec eux leur puissance immémoriale. Ces nouveaux résidents se dotent maintenant de leurs propres vaisseaux, toujours inspirés de la saga Hollywoodienne, mais recréés à la façon Terrienne, c’est à dire avec des techniques et un design empruntant au monde d’avant, celui des Hommes...

Avec cette approche Cédric Delsaux réunit deux instances opposées, le réel et le fantastique, semblant nous dire que l’on ne peut plus désormais percevoir l’un sans l’autre. Le présent de ses photographies n’est d’ailleurs plus à l’indicatif, temps habituel de la photographie, mais se décline dans une conjugaison inconnue, une sorte de  présent du conditionnel, qui détournerait l’antienne de Roland Barthes et son « ca a été » par un étrange « et si cela était ».

Par ce dispositif Delsaux fait aussi planer une menace insidieuse. Chaque parcelle de territoire photographié met ainsi en scène le conflit larvé de l’Homme avec sa propre technologie qui, à force d’évolutions et de concentrations, pourrait devenir monstrueuse et se retourner contre lui…

On peut aussi y voir une façon ironique de détourner le mythe contemporain qu’est devenu Star Wars pour convoquer les angoisses et les ambitions d’une époque que la perte des Grands Récits a laissée aux bords d’un gouffre béant.

C’est en définitive au spectateur de remplir se raconter sa propre histoire… pourvu qu’elle soit toujours aussi Dark…

Image
CEDRIC DELSAUX
Destroyer Unit 53, 2018
Photographie
©Cédric Delsaux