28.01.2022-19.06.2022

Musée d'art et d'histoire
Beaux-Arts, archéologie, arts appliqués

PAS BESOIN D’UN DESSIN

Carte blanche à Jean-Hubert Martin

Pour sa seconde grande exposition « carte blanche », à découvrir tout au long du premier semestre 2022, le Musée d’art et d’histoire a convié Jean-Hubert Martin à poser un œil neuf sur sa collection. Cet éminent spécialiste a endossé le rôle de commissaire avec d’autant plus de facilité qu’il est l’auteur d'ambitieuses expositions qui ont marqué le champ de l'art depuis plus de quatre décennies. Avec Pas besoin d’un dessin, Jean-Hubert Martin nous entraîne dans une promenade au cœur des fonds du MAH et nous invite à nous approprier ce qui est notre trésor commun : la fascinante diversité de la collection du MAH.

Avec une sélection de quelque 550 œuvres en tous genres, dont une poignée d’emprunts faits à plusieurs institutions genevoises, Pas besoin d’un dessin repense une partie du parcours permanent du MAH, faisant bon usage du bâtiment historique et de la grande diversité de ses espaces. Déployée au rez-de-chaussée et dans les galeries du MAH, l’exposition offre un parcours découpé en une vingtaine de séquences, puisant dans tous les domaines artistiques et historiques de la collection. Chacune de ces séquences est basée sur une suite d’analogies, de correspondances sur le fond ou la forme, qui constitue un arc narratif (De la croix au globe ; De l’arnaque à la décapitation ; Du sein à la maternité…).

Cette refonte de l’accrochage entend abolir les hiérarchies, réveiller le regard et imaginer le visage que prendra le musée du futur. Pas besoin d’un dessin propose en effet de revenir à la relation première entre l’œuvre d’art et le spectateur, dans laquelle la sensibilité joue un rôle essentiel. Car cette exposition part d’un constat : l’accumulation de connaissances, depuis la naissance de l’histoire de l’art, a lentement et sûrement fait perdre de vue l’essence des œuvres. Les ressources muséographiques, reflétant le savoir et instaurant un ordre et une hiérarchie précise entre les époques, les styles et les techniques, ont participé de cet éloignement. Dès lors, l’émotion que les objets sont susceptibles de provoquer ne naît que chez celui ou celle qui prend le temps de les regarder.

Ainsi, comme son titre l’indique, Pas besoin d’un dessin s’appuie sur l’implication du public auquel il fait confiance pour porter un jugement. Ce dernier est invité à se fier à sa capacité d’observation, à trouver ses propres repères, à écouter ce qu’il ressent. En suivant le sens de la visite (qui n’est pas imposé), il pourra en effet saisir au mieux le passage d’une oeuvre à l’autre et ce qui a motivé le commissaire dans son choix (le jeu, l’humour, la similarité ou, au contraire, le contraste…). Cette participation active fera que chacun en tirera, in fine, ses propres sensations et émotions. Le musée se dévoilera alors sous un nouveau jour et deviendra le théâtre de ses interprétations, de ses désirs.

Historien de l’art, ancien directeur de musées à Paris, Berne et Düsseldorf et commissaire d’expositions ambitieuses qui ont fait date, comme Magiciens de la terre (1989), Une image peut en cacher une autre (2006) ou Carambolages (2016), Jean-Hubert Martin est rompu à l’exercice de l’exploration d’une collection, aux associations d’objets n’ayant, a priori, rien en commun d’un point de vue historique et géographique. Pas besoin d’un dessin permettra aux visiteurs et aux visiteuses de prendre du recul et (re)découvrir certains chefs-d’œuvre du musée aux côtés de pièces singulières ayant échappé aux classements conventionnels.